Comment se portera le marché de l’emploi ? | Dollars et cents

Scénario probable :
Un taux de chômage qui va monter 

« Le levier de négociation des travailleurs n’est pas celui qu’il était il y a deux ans. On pense donc que la hausse des salaires va éventuellement ralentir », prédit Jimmy Jean, économiste en chef de Desjardins.

La pénurie de main-d’œuvre demeure, mais le taux de chômage monte depuis plusieurs mois. À un creux de 3,9 % en janvier 2023, il a atteint 4,7 % en décembre. Cette tendance à la hausse devrait se poursuivre cette année dans un contexte de croissance économique anémique ou négative, estime Emna Braham, directrice générale de l’Institut du Québec, dont les travaux s’intéressent notamment au marché du travail. « La demande pour les travailleurs va ralentir parce que les entreprises vont avoir moins de marge de manœuvre pour recruter », dit-elle. Avant de licencier des gens, les employeurs aboliront des postes vacants. Leur nombre, qui avoisinait les 200 000 au deuxième trimestre de l’an dernier, devrait continuer à fondre.

Desjardins, la Banque Nationale du Canada (BNC) et la Banque de Montréal (BMO) prévoient un taux de chômage moyen oscillant entre 5,7 % et 5,8 % en 2024, encore loin du taux moyen de 8,6 % atteint en 2009, en pleine récession. Selon leur secteur d’emploi, il se pourrait toutefois que les travailleurs qui se cherchent du boulot aient à distribuer plus de CV, signale Jimmy Jean. « Ce ne sera peut-être pas aussi facile de trouver un emploi que dans les deux ou trois dernières années », avance-t-il. 

Cela dit, le manque de travailleurs exacerbé par le vieillissement de la population ne disparaîtra pas comme par magie. « Même avec un ralentissement économique, les difficultés de recrutement sont là pour perdurer », affirme Emna Braham, particulièrement dans les secteurs qui ont souffert pendant la pandémie, comme la restauration, l’hébergement et le commerce de détail. Ce sera aussi le cas pour des domaines en manque de main-d’œuvre avant la crise sanitaire, comme celui de la construction, relevait l’économiste principale de Desjardins Florence Jean‑Jacobs dans une analyse publiée en novembre dernier.

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