Entrepreneuriat : pourquoi ne pas acheter une PME ?

«À vendre. » Ces mots vont bientôt se multiplier au Québec. Pas devant les maisons, mais dans la bouche des entrepreneurs.

Pas moins de 34 000 PME pourraient être mises sur le marché d’ici 2025, selon une analyse faite pour le compte du Centre de transfert d’entreprise du Québec (CTEQ). « Et ça va s’accélérer dans les prochaines années », affirme Alexandre Ollive, qui dirige cet organisme créé par le gouvernement québécois en 2015 pour assurer la pérennité des entreprises. Or, rien ne garantit qu’elles trouveront preneur. 

Transition mal préparée par le propriétaire, perspectives de croissance moroses, incapacité de s’entendre sur un prix, absence de relève : les raisons de mettre la clé sous la porte au lieu de vendre sont nombreuses. Du coup, des employés sont licenciés, des fournisseurs perdent des ventes, et l’État perd des revenus fiscaux. 

« C’est bien beau, créer de la richesse en démarrant de nouvelles entreprises, mais il faut aussi maintenir celle qui a été créée par les entrepreneurs précédents », affirme Anne Dugal-Ferron, cofondatrice de LaVitrine.biz, une plateforme en ligne qui met en relation les vendeurs avec des acheteurs potentiels. 

La culture de la jeune pousse semble bien implantée au Canada. Avec les nombreux incubateurs, accélérateurs, fonds d’investissement et émissions de télévision qui font la promotion de ce type d’entrepreneuriat, parfois, certaines personnes qui souhaitent se lancer dans les affaires ne considèrent même pas la possibilité d’acquérir une entreprise existante plutôt que d’en fonder une.

C’était le cas de Julie L’Espérance. En 2020, après presque deux décennies à coordonner des chantiers de construction, cette femme dynamique était « tannée de gérer les entreprises des autres » et envisageait de démarrer sa propre boîte. Puis, les propriétaires de Plancher Flottant Flor, une petite entreprise de Laval avec qui elle faisait affaire depuis 14 ans, lui ont parlé de leur désir de vendre.

« Ils m’ont dit qu’ils me voyaient prendre la relève, raconte-t-elle. J’y ai pensé une nuit et le lendemain, j’ai dit oui. » À ses yeux, le risque était beaucoup moins grand que partir de zéro. Elle connaissait leurs produits, leurs employés et savait que l’entreprise tournait rondement. La transaction s’est conclue quelques semaines plus tard, après les vérifications nécessaires et grâce à un prêt d’une institution financière.

Pour les institutions prêteuses, financer l’achat est également moins risqué que financer le démarrage. Contrairement à une nouvelle entreprise, une organisation existante a des produits, des clients et, surtout, des revenus pour convaincre le banquier. 

Parfois, les propriétaires sont même prêts à aider les acheteurs. Anne Dugal-Ferron le voit régulièrement dans des dossiers où l’acquéreur potentiel est un employé ou un groupe d’employés de l’entreprise en question. Les vendeurs peuvent donner un coup de pouce en offrant un prix plus abordable, en accordant un délai plus long, ou encore en permettant à un travailleur de devenir actionnaire minoritaire, ce qui est financièrement plus accessible que le rachat complet. 

Les employés intéressés devraient toutefois faire part de leur souhait à leur patron le plus rapidement possible. La vente d’une entreprise est un processus habituellement gardé secret pour ne pas effrayer les clients, les fournisseurs et les travailleurs, si bien que l’équipe est généralement avisée uniquement après la signature. C’est-à-dire trop tard pour avoir sa chance.

Articles connexes

Riches universités anglophones | L’actualité

Victor

Survoltage à Bécancour | L’actualité

Victor

Rétroviseur : le moment Standard Oil des GAFAM

Victor