Scénario probable :
Une récession faible et de courte durée
De nombreux analystes croient que l’économie québécoise ne peut y échapper. « Mais la récession ne sera pas très longue ni très brutale », avance Jimmy Jean, économiste en chef de Desjardins.
Ce qui est particulier avec une récession, c’est que sa confirmation ne survient qu’une fois que les analystes ont passé au crible les données des mois précédents. Jimmy Jean en prévoit une s’échelonnant du deuxième au quatrième trimestre de 2023, suivie d’un premier trimestre positif en 2024 et d’une stagnation (c’est-à-dire une croissance autour de 0 %) par la suite. Elle pourrait donc déjà être terminée !
Matthieu Arseneau, économiste en chef adjoint à la Banque Nationale du Canada (BNC), s’attend quant à lui à une récession « modérée », puis à une reprise un peu plus tardive, dans la deuxième moitié de 2024. « Dans l’ensemble, on peut espérer un dénouement favorable », tempère-t-il.
Les deux économistes prévoient une croissance économique moyenne nulle ou presque en 2024 (la Banque de Montréal [BMO] vise légèrement plus haut, à 0,4 %), mais ne croient cependant pas qu’on assistera à des pertes d’emplois massives, comme ce fut le cas lors de récessions précédentes. « Pour bien des ménages, ce sera quand même très difficile », précise Jimmy Jean, en pensant à l’inflation qui pourrait demeurer élevée, aux paiements hypothécaires qui ne sont pas près de diminuer substantiellement et au pouvoir d’achat qui risque de s’éroder.
Jimmy Jean et Matthieu Arseneau sont tout de même rassurés par le fort taux d’épargne des Québécois — ces derniers ont mis de côté 12,6 % de leur revenu disponible au troisième trimestre de 2023, comparativement à 5,1 % dans l’ensemble du Canada. Cela pourrait limiter les risques de problèmes financiers. « Ça devrait permettre une relance plus soutenue que si ce n’était pas le cas », souligne Jimmy Jean.