L’inflation va-t-elle enfin ralentir ? | Dollars et cents

Elle a été au cœur des préoccupations des consommateurs, qui en ont ressenti les effets partout — à l’épicerie, dans les magasins, chez le concessionnaire. Elle a aussi causé du souci à la Banque du Canada, qui a employé un remède de cheval, soit pas moins de 10 hausses du taux directeur depuis mars 2022, pour tenter de la ramener à sa cible de 2 %.

Une inflation qui ralentit signifie que la croissance des prix s’essouffle et que le pouvoir d’achat des consommateurs peut à nouveau augmenter… à condition que les salaires suivent le rythme.

Scénario probable :
Un ralentissement de l’inflation

Les prix à l’épicerie devraient augmenter en 2024, mais à un rythme moins soutenu qu’au début de l’année 2023, moment où l’inflation alimentaire avait atteint plus de 10 % sur un an au Canada. Selon le Rapport sur les prix alimentaires au Canada (produit chaque année par les universités Dalhousie, de Guelph, de la Colombie-Britannique et de la Saskatchewan), l’augmentation totale de la facture ne devrait pas dépasser 4,5 %. Les croissances seront plus importantes pour les produits de boulangerie, la viande et les légumes (de 5 % à 7 %), et plus modestes pour les produits laitiers et les fruits (de 1 % à 3 %). Des phénomènes météo extrêmes ou des conflits géopolitiques pourraient bien sûr changer le portrait.

Une trajectoire semblable sera observée pour la plupart des biens de consommation. Après avoir atteint un sommet en juin 2022 (augmentation annuelle de 8 % au Québec), l’inflation s’est calmée et devrait se rapprocher de la cible de 2 % à la fin de l’année. Desjardins prévoit une inflation globale moyenne de 2,8 % au Québec en 2024, tout juste au-dessus de l’estimation de la Banque Nationale du Canada (2,7 %).

Pour que le pouvoir d’achat augmente, il faudrait toutefois que la hausse des salaires surpasse celle de l’indice des prix à la consommation. Or, on ne doit pas s’attendre à des augmentations aussi fortes que l’an dernier, soutient Matthieu Arseneau, économiste en chef adjoint à la BNC. Les hausses salariales moyennes prévues au Québec par le Conseil du patronat du Québec oscillent entre 3,6 % et 4,1 %, tandis que la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) évalue l’augmentation à 2,5 % à l’échelle du pays.

Scénario moins probable :
Une inflation qui va perdurer

Pour ce qui est du scénario dans lequel l’inflation s’incruste, c’est-à-dire qu’elle se maintiendrait à un niveau élevé pendant longtemps, plombant les finances personnelles des consommateurs, il ne faut pas trop s’en inquiéter, selon Jimmy Jean, économiste en chef de Desjardins. « Le risque que l’inflation s’enracine sera plus élevé si on assiste à des chocs de l’offre au niveau mondial, par exemple une nouvelle flambée du prix du pétrole ou des problèmes d’approvisionnement. »

Scénario improbable :
Une baisse des prix généralisée

Tout le monde aimerait revenir aux prix d’avant la pandémie, mais il ne faut pas compter là-dessus. Du moins pas pour tous les produits qu’on consomme, nous avertissent les économistes. Il est très peu probable qu’on assiste à une contraction de l’indice des prix à la consommation, ou déflation, et donc à une baisse généralisée des prix. « Les coûts de production ont augmenté substantiellement. Très peu de biens pourraient revenir à des niveaux prépandémiques », dit Matthieu Arseneau en donnant l’exemple des véhicules automobiles, dont la valeur a explosé au cours des dernières années.

Jimmy Jean note cependant que la majorité des problèmes d’approvisionnement qui ont alimenté les hausses de prix sont maintenant derrière nous et que l’économie chinoise, puissance exportatrice par excellence, connaît actuellement une déflation, qui devrait se poursuivre en 2024. « La Chine exporte cette déflation », explique-t-il, ce qui signifie que certains biens que nous importons de là coûteront possiblement moins cher qu’avant.

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